Le bonheur est parfois simple comme un coup de fil venu de Quevilly. Un appel plus libérateur encore que le coup de sifflet final scellant la victoire de Pacy sur la réserve de Valenciennes (1-2) deux minutes plus tôt. A l'autre bout du combiné, une confirmation : Rouen n'a pas gagné à Quevilly (2-2). Pacy est donc en National. Officiellement. Joueurs et encadrement, réunis au centre du terrain, explosent. Les cris se chevauchent. Les embrassades succèdent aux étreintes. Scènes de joies habituelles. Intenses. Aussi fortes que l'attente a été longue entre les deux coups. De sifflet d'abord, de téléphone ensuite. « C'était interminable » souffle Sofiane Bezzou. Les deux minutes les plus longues de la saison pacéenne ont ensuite laissé place aux trente plus belles. Celles de la célébration d'un sacre aussi inattendu que mérité au terme d'une deuxième moitié de saison presque parfaite.

S'ils ne sont pas champions du monde, les Pacéens sont champions de leur monde. Le CFA. Et cela suffit amplement à leur bonheur. T-shirts blanc avec « Pacy champion CFA » écrit dessus, les Eurois improvisent un haka sous la houlette d'un Richard Akiana plus gourou que jamais et qui, après avoir participé à la montée de la réserve en CFA 2, est aussi de la fête pour celle de l'équipe fanion. Symbole d'un PVEF à qui tout a réussi cette saison et qui, malgré trois mois sans victoire au creux de l'automne, est parvenu à coiffer tout le monde au poteau. « On revient de loin, confirme dans un grand sourire Nicolas Mirza. A la trêve, on parlait de tout le monde sauf de nous pour la montée. Personne ne nous attendait et ne nous a vus venir. Ni les autres équipes, ni la presse. » Le titre n'en est que plus beau. La fête plus folle. Les chemises du président Emmanuel Villette et de son vice-président Gilles Caoudal, passés tous deux par la case douche - à l'eau d'abord, au champagne ensuite - s'en souviendront.

Tout à leur joie, les Eurois n'en oublient pas pour autant de régler quelques comptes.
Fêtant le titre aux cris de « paysans, paysans », «bouseux, bouseux » et « campagnards, campagnards » avant de demander en chantant à qui voulait bien les écouter « Et ils sont où, et ils sont où les Rouennais ? » Savoureuse revanche pour une équipe souvent cantonnée dans la famille du football haut-normand au rôle du cousin « rural » qu'on regarde autant avec attendrissement qu'une pointe de dédain. « On nous allume là-dessus toute l'année et c'est vrai qu'on s'en sert comme une motivation supplémentaire, sourit malicieusement Laurent Hatton qui, associé à Patrick Vallée, compte désormais deux accessions en National après celle de 1998. On a montré à tout le monde qu'à la campagne aussi on savait jouer au ballon. » Rouen, Quevilly, Dunkerque et Compiègne, gros bras supposés du CFA, le savent. Gueugnon, Laval, Niort et Libourne-Saint-Seurin, favoris présumés du National 2008-2009, ne vont pas tarder à le découvrir !

« Personne ne nous attendait et ne nous a vus venir »